Sophie Zenon –In Case We Die

Sophie Zenon Guiseppe et les autres la disparition Sophie Zenon In Case We Die

 

Dernier coup de cœur en date,je vous recommande In Case We Die,l’exposition consacrée à Sophie Zénon. Vous tendrez l’oreille lorsque vous apprendrez que Sophie Zénon est historienne et ethnologue de formation,mais aussi photographe et plasticienne. On sent combien ces pratiques sont perméables et communiquent entre elles pour enrichir son travail.

« La mort s’est partiellement soustraite au regard quotidien pour se réfugier dans les images sensationnelles ou insolites des magazines,de la télévision,ou du cinéma,témoignant ainsi de sa radicale extériorité ».

Et c’est en réponse à ce constat que Sophie Zénon s’essaie à de nouvelles représentations de la mort,avec une grande finesse. grande inconnue que l’on n’ose plus regarder.

Une inspiration d’outre-tombe

Sophie Zénon s’est intéressée au chamanisme et à ses rituels,dont elle a approfondi la connaissance à l’occasion de son travail universitaire. De ses voyages en Mongolie,elle a emporté les images des pratiques liées à la question de la mort.

 

momies catacombes Palerme Sophie Zenon In Case We Die

Son parcours professionnel l’a confrontée aux manifestations et représentations de la mort sous diverses latitudes. La photo présentée ci-dessus appartient à la série réalisée en Italie,dans les catacombes du couvent des Capucins de Palerme. Les restes des moines y étaient disposés en habits,rejoints par les notables de la ville. La qualité de l’air permettait en effet de conserver les dépouilles dans un état remarquable,pour les mettre durablement à l’abri de la décomposition. Ce sont près de 8000 momies qui y égrènent les siècles,entre 1599 et 1920.

On peut admirer le travail sur la matière : Sophie Zénon joue avec le flou et la couleur avec talent,ce qui confère à ses photographies une qualité picturale propre à la peinture.

On pense immanquablement à Francis Bacon tant dans l’utilisation du flou que pour le choix du sujet,comme par exemple sa série d’études d’Innocent X.

 

Innoncent X Francis Bacon Sophie Zenon In Case We Die

 

A la recherche d’une représentation contemporaine de la mort

Si certaines des séries témoignent des pratiques funéraires d’antan,sa réflexion la pousse à investir les lieux où en Occident se jouent nos derniers instants. Sophie Zénon visite hôpitaux et funérariums pour mettre en image ce corps à peine dépouillé de son âme. Plus qu’un reportage sur le devenir de nos restes,ses œuvres nous questionnent avec pudeur et finesse sur l’au-delà,une notion que ces lieux ne sont pas destinés à prendre en charge. Confrontation avec les pratiques qui ont remplacé celles lentement tissées et peaufinées par nos aïeux,In Case We Die nous présente le nouveau visage de la mort.

 

Une Danse macabre

Vous qui visiterez l’exposition actuellement en cours à l’espace Fernet-Branca de Saint Louis (68),vous aurez le privilège de voir La danse,une œuvre réalisée spécialement à cette occasion.

 

La danse sophie zenon Sophie Zenon In Case We Die

 

Il s’agit d’une installation disposant des photographies en cercle (et non ce n’est pas là une obsession que je choie ^^. Cf le Rite du printemps de Katarzyna Kozyra).

Les photographies se répondent en un jeu de face à face d’où le visiteur est exclu de prime abord. Au sol,un cercle qui n’est pas fermé et qui suggère de pénétrer au sein de cette curieuse assemblée. Au dos des portraits,des miroirs,référence aux vanités,réfléchissent le vide,et le visage de qui ose s’y mirer.

Pour rendre ceci plus intelligible,je dois vous dire que les photographies de la Danse ont été réalisées dans un crématorium. Avant l’incinération,les cercueils sont scannés afin de vérifier l’absence d’objet ou de substance dangereuse.

C’est cette parodie de la pratique aujourd’hui oubliée du portrait de défunts sur leur lit de mort que l’artiste a choisi comme point de départ pour cette version contemporaine des danses macabres du Moyen âge.

Vous trouverez sur le site de Sophie Zénon son actualité. Y sont présentés également ses travaux antérieurs. Je vous recommande particulièrement le travail photographique pour la Cité internationale de la tapisserie d’Aubusson.

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