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Une ville la nuit:lorsque tombe le jour
La nuit commence lorsque la lumière de la fin de journée inonde la ville de paillettes d’or. Lourd et engourdi,le soleil promène ses derniers rayons,inoffensifs et caressants. La ville alors s’apaise:le tumulte du jour a fini d’épuiser les corps,un cycle s’achève. Une nonchalance gagne chacun avec la promesse d’une soirée libérée de toute contrainte. Une ville la nuit…
Puis vient l’heure bleue:les ténèbres s’annoncent par la teinte incomparable et voluptueuse du ciel,et qui jure formidablement avec le halo de la lumière électrique.
Les illuminations se réveillent une à une,timidement d’abord,puis se répandent sur la cité. Elles s’accrochent aux fenêtres,se posent sur les façades des restaurants et des bars,sur les lampadaires.
Une ville la nuit:lorsque vient l’obscurité
Lentement,la pénombre dépossède la ville de ses nuages et de ses oiseaux,la laissant nue sous un ciel noir et aveugle. Seule la Lune concurrence quelques fois les néons et témoigne à la cité de l’existence d’autre chose que d’elle-même.
Les rues s’emplissent de silence,débarrassées du cortège incessant des automobiles. Et ce silence donne une dimension nouvelle à l’espace urbain,qui semble plus vaste. Certains s’y sentent plus seuls,confrontés à leurs pensées que rien ne vient plus distraire,tandis que des éclats des voix ou de la musique tissent un lien que le jour ne permet pas jusqu’à ceux qui les entendent. Ceux-là éprouvent un sentiment de paix renforcé par la douceur de la nuit d’été,lorsque l’air coule délicieusement autour du corps comme une eau bienfaisante et que l’on se sent ému par cette tendresse,par ce manque de résistance.
L’anonymat des façades est parfois rompu,et de petits bouts d’intimité trompent le vide de la nuit. L’intérieur des habitations se dévoile,fenêtres et volets ouverts laissent apercevoir des silhouettes,la lumière bleuté et tremblotante de la télévision,ou des abat-jour colorés et fantaisistes suspendus au plafond.
C’est encore le combat sans fracas que livre l’ombre à l’éclat de l’éclairage nocturne. Celui-ci gomme les imperfections en enveloppant des pans de la ville d’un flot de lumière crue tandis que quelques mètres plus loin,des façades entières disparaissent dans le noir velouté des ténèbres qui recouvrent le monde jusqu’au ciel. Débarrassées de ce qui les encombrait,les rues révèlent le dessein des urbanistes et les aléas de l’histoire.
Une ville la nuit:faune nocturne
En s’en allant,le jour a emporté avec lui la foule de la ville,mais la nuit voit passer des personnes plus jeunes qui se déplacent en groupes animés.
Il y a aussi ces ombres furtives qui glissent le long des murs en gardant le silence sur le mystère de leur existence. Parfois,c’est un couple d’amoureux qui,enlacés,s’en vont d’un pas lent et accordé. Une liberté nouvelle et prometteuse galvanise le promeneur. C’étaient quelques images d’Amiens.